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Les femmes de la révolution
« Tant que les femmes ne s’en mêlent pas, il n’y a pas de véritable révolution. » Mirabeau
Les femmes, actrices de la foule révolutionnaire
Les femmes sont déjà présentes dans les événements pré-révolutionnaires :
« Le 7 juin 1788 à Grenoble, les femmes jouent un rôle décisif dans les péripéties de ce que l’on appelle “la journée des tuiles”.Juchées sur les toits, elles sont quelques-unes au côté des habitants de Grenoble à bombarder les troupes à coup de tuiles et de pierres.
En revanche, elles font aux parlementaires lorsqu’ils rentrent au Parlement une joyeuse escorte, munies de branches d’arbres. » (in Adrien LASSERRE, La participation collective des femmes à la Révolution, Paris, 1906).
Lors des fameuses Journées d’octobre, les 5 et 6 octobre 1789, des centaines de Parisiennes, parties du faubourg Saint-Antoine et desHalles, gagnent Versailles pour réclamer du pain et ramener dans Paris insurgé « le Boulanger, la Boulangère et le Petit Mitron » (la famille royale). Ce sont les femmes qui sont à l’initiative des ces journées aux conséquences éminemment politiques. Des femmes prirent également part à des événements dont les motivations étaient politiques – et pas seulement liées aux subsistances – comme par exemple lors de la prise des Tuileries le 10 août 1792, ou lors de l’insurrection de Prairial en avril 1795.
Les femmes, partie prenante du processus révolutionnaire à l’assemblée et dans les clubs politiques
Leur pratique politique est caractérisée par une présence assidue dans les assemblées révolutionnaires, qu’il s’agisse de réunions de quartier, de débats à l’Assemblée nationale ou au Tribunal révolutionnaire. Spectatrices actives, groupées dans les tribunes des salles des séances ouvertes au public, formant la sans- culotterie féminine, elles sont d’abord appelées les « habituées des tribunes ».
Puis, à partir de 1795-1796, leurs adversaires les surnomment « les tricoteuses », en référence à leur rôle actif dans ces tribunes d’où elles interviennent tout en tricotant. Elles suivent en effet les discussions avec passion, n’hésitant pas à interrompre bruyamment les orateurs.
Les orateurs ont dû tenir compte de leur présence, s’adressant parfois à elles, demandant aussi à ce qu’elles soient expulsées lorsqu’elles exerçaient une pression trop forte sur les débats. Ce fut le cas en mai 1793 : à deux reprises, les Girondins demanderont qu’on évacue les femmes des tribunes d’où elles soutiennent vigoureusement les Montagnards. Cela se renouvelle quand, le 1er Prairial An III(20 mai 1795), premier jour de l’insurrection de Prairial, les femmes transforment les tribunes de la Convention en véritable foyer de résistance populaire soutenant les derniers Montagnards. Les députés les chassent à coups de fouet. Toute une série de décrets répressifs sont ensuite pris contre les femmes après l’échec de l’insurrection, leur interdisant entre autres choses l’entrée dans les tribunes de la Convention et plus généralement le droit d’assister à une assemblée politique.
Exclues des grands clubs comme les Cordeliers et les Jacobins, les femmes créent leurs propres lieux de sociabilité révolutionnaire. À l’origine philanthropiques, ils sont un lieu d’apprentissage de la parole, de la politique. Entre 1789 et 1793, on compte à Paris et en province 56 clubs féminins.
Par exemple, le 23 mars 1791, la Société patriotique et de bienfaisance des amies de la Vérité est fondée par Etta Palm d’Aëlders. Fréquentée par Condorcet et Olympe de Gouges, elle a aussi pour vocation de s’occuper de l’éducation et de l’apprentissage des petites filles pauvres…
…De même le 10 mai 1793, la Société des citoyennes républicaines révolutionnaires est créée par des militantes populaires groupées autour de Pauline Léon et Claire Lacombe. Ses membres prêtent serment « de vivre pour la Révolution et de mourir pour elle ». Elles soutiennent les Montagnards contre les Girondins. Mais la Convention interdit ce club et tous les clubs de femmes le 30 octobre 1793, suite à une rixe entre citoyennes à propos du port du bonnet rouge.
Née au château de Vroncourt en Haut-Marne, Louise Michel est la fille née hors mariage du fils du châtelain, Laurent Demahis, et de la servante Marianne Michel. Elevée par ses grands-parents, elle reçoit une bonne instruction et une éducation libérale, elle lit Voltaire et Rousseau et étudie la musique. Mais en 1850, après la mort de son père et de ses grands-parents, Louise Michel est chassée du château et devient institutrice. Elle fonde une école libre où elle enseigne pendant trois ans selon les principes républicains.
Louise Michel s'installe à Paris pour enseigner dans l'institution de madame Voillier. Pour satisfaire sa soif de connaissance, elle suit les cours du soir dans les domaines les plus modernes du savoir. A Paris, Louise Michel fait la connaissance de Jules Vallès, Eugène Varlin, Rigault, Eudes, et surtout Théophile Ferré, qu'elle aime avec passion. Elle écrit pour des journaux d'opposition et rédige des poèmes qu'elle adresse à Victor Hugo. Elle entretient avec l’auteur des Misérables une longue correspondance de 1850 à 1879. Secrétaire de la Société démocratique de moralisation, dont le but est d'aider les femmes à vivre par le travail, Louise Michel mène également une activité politique, qu'elle poursuivra jusqu'à sa mort.
En 1870, elle est élue présidente du Comité de vigilance des citoyennes du XVIIIe arrondissement de Paris. Très active pendant la Commune de Paris, Louise Michel fait partie de la frange révolutionnaire la plus radicale et se porte même volontaire pour aller seule à Versailles tuer Adolphe Thiers. Sa mère ayant été arrêtée et menacée d’être exécutée pour faire pression sur elle, Louise Michel se rend pour la faire libérer. Surnommée la Vierge Rouge, elle est condamnée à la déportation à vie et envoyée en Nouvelle Calédonie où elle reste jusqu'en 1880.
A son retour, accueillie par la foule à Paris, Louise Michel reprend son activité militante. En 1888, Pierre Lucas, un extrémiste, attente à sa vie en la blessant à la tête, mais elle témoigne au procès de celui-ci pour qu’il n’aille pas en prison.
Lassée par les calomnies et le manque de liberté d’expression, Louise Michel s’installe à Londres en 1890 où elle gère une école libertaire. A la demande de Sébastien Faure, elle revient en France en 1895. Arrêtée à plusieurs reprises lors de manifestations, elle est emprisonnée pendant trois ans avant d'être libérée sur l'intervention de Clemenceau.
Louise Michel meurt d’une pneumonie à Marseille au cours d’une tournée de conférences.Une foule de 120 000 personnes l’accompagne lors de ses funérailles jusqu’au cimetière de Levallois.
Source: www.reseau-canope.fr/MRF-DossierPed-FemmesRevol.pdf
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